On a vu le Taj Mahal ! Il ne vole pas sa réputation; il est très, très beau. Pour l'admirer dans de parfaites conditions, on a fait les warriors : levées à 4h30 du matin, dans la voiture a 5h30, pour arriver devant la Porte Ouest à 5h45 et attendre un quart d'heure que la grande porte s'ouvre.
La, on est fouillée au corps (par des femmes) et, surprise, Stitchou est refoulé :'( C'est triste, il voulait tant voir le Taj. La dame a moitié sympathique de la sécurité m'indique que je dois le laisser dans les casiers gouvernementaux qui bordent l'entrée. Le monsieur qui gère lesdit casiers me demande quel objet je dois enfermer. Il est perplexe devant mon nounours bleu de 6 centimètres, et l'enferme dans un tiroir 'Don't worry madame; very safe'.
On arrive enfin devant le Taj; qui est très très grand. Très très beau. Tout en marbre blanc qui change de couleur quand le soleil pointe son nez (pas longtemps) et puis se recache. C'est la pluie qui nous fait quitter l'endroit quelques heures plus tard, mais on aura eu la chance d'échapper a l'armée de touristes qui envahissent les lieux au moment ou on s'en va. C'est top.
Ensuite, on quitte notre cher Mukesh, qui promet de venir nous chercher a Delhi a notre retour de Varanasi (Bénarès) et ça c'est énorme, parce que que la gare de Delhi est sans doute le pire endroit du monde, les rabatteurs sont des millions et ils sont horribles. Après une longue attente dans la gare de Tundla (beeeeeeeuuuuurk. BEEEEEEEUUUURK. Lisa n'a fait que me décrire les toilettes et j'ai failli vomir; toute la gare empeste.) on arrive tant bien que mal a monter dans le Poorva Express en direction de Varanasi. C'est un train couchette et les couchettes ne sont pas très confortables - surtout quand on dort sur son sac a dos pour éviter les voleurs qui sont légions sur la ligne la plus dangereuse d'Inde parait-il - en plus c'est flippant car il n'y a aucune annonce dans le train qui indique ou on est et ce n'est que grace a nos voisins de couchettes qu'on arrive a descendre au bon endroit.
On arrive donc a Varanasi a 5h30 du matin, les yeux tout ensommeillés. Trop fatiguées pour se battre contre les rabatteurs, on suit un chauffeur de touktouk qui nous dit connaitre des chambres pas chères. Surprise, c'est vrai ! On en pleurerait presque tellement c'est étonnant, un honnête homme qui parle a des touristes dans ce pays. Ca peu paraitre violent de dire ça comme ça, mais quiconque s'est approché d'une gare ou d'une lieu touristique en Inde sait de quoi je parle.
La Guesthouse dans laquelle il nous emmène est toute petite, et certes, on partage la chambre avec une souris qui se balade dans nos affaires quand on dort, mais la chambre est fraiche (miracle) et le personnel est adorable. Anil, qui travaille là, apprend le français depuis deux mois; on l'aide a perfectionner son vocabulaire. En echange, il nous indique les choses a voir a Varanasi, et nous trouve une voiture pour notre excursion du lendemain a Sarnath.
Sarnath est un des lieux cultes du bouddhisme, l'endroit ou Bouddha Eveillé fit son premier sermon. Conséquence, la ville est pleine de temples bouddhistes de toutes les origines (chinoise, tibétaine, japonaise, sri lankaise...) C'est chouette. On mange tibétain dans un tout ptit restaurant; indiqué par notre guide qui est très gentil même si on comprend pas quand il parle (c'est un peu dommage, mais bon).
Le lendemain, promenade en bateau sur le Gange. La encore, on se lève a 4h30 pour y être au lever du soleil, c'est le moment ou les pèlerins prennent leur baignade purificatrice.
La ville est magnifique, même si les ghats sont innondés par le Gange en crue (c'est la Mousson). On est donc dans notre barque au milieu du Gange a 6 heures du matin, tranquille, quand soudain, une barque nous double sur la droite, et voilà que retentit un surprenant "Good Morning ! Supermarket ! " C'est un Indien qui vend des souvenirs. Sa barque est pleine de cartes postales et de trucs à trois roupies (qu'il essaye de vendre 50) notamment une super pompe à eau qu'il nous présente en disant "Water 24 hours !" Précisons que la pompe en question est en plastique, qu'elle fait environ 7 centimètre, et qu'elle fonctionnne en circuit fermé. N'importe quoi.
Moins drôle, le Gange est aussi l'endroit ou les Indiens incinèrent leurs morts, car quiconque est purifié dans l'eau du Gange atteint directement le Nirvana. Sur certains ghats, il y a donc des corps enveloppés dans des tissus blancs ou colorés selon le sexe et l'age du défunt. Certains baignent dans le Gange à visages découverts; la vision n'est pas des plus faciles.
Leurs familles, le crane rasé, construit le bucher funéraire. Pour les plus pauvres; qui ne peuvent pas payer le bois du bucher, il y a un incinérateur électrique. Après l'incinération, les cendres sont jetées dans le fleuve. Les enfants, les femmes enceintes, les lépreux, les saddhus (holy men) et les gens morts par une piqure de cobra n'ont pas besoin d'être purifiés, car ils sont sacrés. Leur corps sont donc jetés dans le Gange attachés a une pierre. Les Indiens pensent que si, en aval de Bénarès, ces corps sacrés venaient à être repêchés par un saint homme, ils pourraient être ramené à la vie.
Bénarès, c'est toute l'Inde : sur un même fleuve, spiritualité et commerce cohabitent tranquillement.
Il sera bientot temps de rentrer, et ça, c'est triste.